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Éditorial
Les historiens commencent à peine à aborder l’histoire de la guerre d’Algérie. De temps à autre, ils évoquent le sort des Juifs. Sur la pointe de leurs stylos, avec d’extrêmes précautions. Les archives ne sont pas encore ouvertes, soupirent-ils. Nous n’avons pas pris assez de recul. Il faut que le temps passe. Et puis, cette communauté rassemblait si peu de personnes … Leurs arguments ne manquent pas de poids. Mais ne ressemblent-ils pas à l’arbre qui cache la forêt ?
La vérité, c’est que la blessure n’a pas cicatrisé. De l’autre côté de la Méditerranée vivaient 126 000 Juifs environ. Heureux, malheureux ? Là n’est pas la question. Ils pensaient qu’ils étaient chez eux, que la terre algérienne était aussi leur terre, qu’ils pouvaient compter sur leurs liens avec la métropole, que le décret Crémieux les protégeait en dépit des mauvais souvenirs de 1940-1943. D’ailleurs, pourquoi auraient-ils revendiqué une politique communautariste dans une France, une et indivisible, « amie et alliée » d’Israël ? Pourtant, rien n’était simple. Les musulmans qui combattaient pour l’indépendance défendaient, semble-t-il, l’idée d’un État laïc, mais certains d’entre eux commettaient d’horribles crimes dont les Juifs étaient les victimes. Était-ce alors une guerre religieuse qui visait à créer un État coranique ? Les Français adversaires de l’indépendance auraient bien voulu convaincre les Juifs, au moins enrôler les plus jeunes et les plus combatifs. Pour mener une croisade contre les Arabes, qui aurait fait couler encore plus de sang ? À Paris, le gouvernement les considérait comme des Français à part entière, mais pouvait-il garantir leur sécurité et leur avenir ?
Au milieu des incertitudes et des inquiétudes, le Comité juif algérien d’études sociales tient une place primordiale. Sa fondation remonte à 1915 ; sa renaissance, à 1948. L’homme clé de la situation a pour nom Jacques Lazarus. Il a combattu dans la Résistance, plus précisément au sein de l’Armée juive qui, jour après jour au cours de l’année 1944, arborait le drapeau tricolore et le drapeau bleu et blanc des organisations sionistes. Un souci l’anime : « Quelle action mener pour sauvegarder les intérêts de la collectivité juive ? » Et Lazarus d’ajouter : « Doit-on mener une action et sous quelle forme ? Il n’y a certes pas, ici comme ailleurs, à mener de politique juive, car il n’y a pas de politique juive, mais il est non moins vrai, et cela a été dit à plusieurs reprises, qu’être juif est aussi un phénomène politique et pas seulement un phénomène religieux ou social. »
C’est aussi Jacques Lazarus qui, au lendemain du rapatriement des Juifs d’Algérie, fut chargé de visiter les communautés de la métropole. Il venait juger de la possibilité d’intégration de ceux qui avaient dû choisir la valise pour éviter le cercueil. Il rédigea quarante rapports, d’Agen à Vichy en passant par Bordeaux, Dijon, Montpellier et Toulouse. Ces rapports, il en a fait don à la Commission française des archives juives, et je tiens à lui adresser nos chaleureux remerciements. Ils constituent une très originale documentation sur l’état des communautés métropolitaines et sur l’accueil qu’elles ont réservé aux Juifs d’Algérie.
Notre revue ouvre la voie à de nouvelles recherches. Beaucoup reste à faire ; Il est urgent d’interroger les témoins et les acteurs, de réunir les papiers ‘qui renseigneront les historiens.’ La mémoire, vivante, irif orme, disparate, doit déboucher sans tarder sur une vision historique. C’est notre devoir.
A.Kaspi
Sommaire
Dossier : Les Juifs et la guerre d’Algérie
Notes et observations sur une histoire en construction, par Yves C. Aouate.
Pas de résumé disponible pour l’instant.
Une guerre religieuse ? par Charles-Robert Ageron
Pas de résumé disponible pour l’instant.
Les Juifs d’Algérie pendant la guerre d’indépendance (1954-1962), par Richard Ayoun
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Le Comité juif algérien d’études sociales dans le débat idéologique pendant la guerre d’Algérie (1954-1961), par David Cohen
Pas de résumé disponible pour l’instant.
Rapport sur la situation des Juifs en Algérie au début de l’année 1958, par Jacques Lazarus
Pas de résumé disponible pour l’instant.
Portrait d’un Juif du FLN, par Jean Laloum
Pas de résumé disponible pour l’instant.
La gauche juive en France et la guerre d’Algérie, par Philippe Boukara
Pas de résumé disponible pour l’instant.
La guerre d’Algérie comme métaphore obsédante : Les Bagnoulis d’Albert Bensoussan, par Guy Dugas
Pas de résumé disponible pour l’instant.
Mélanges
- Note sur le verre historié de Strasbourg, par Robert et Martine Weyl
- Insertion et transit : les réfugiés juifs de l’après-guerre, 1945-1948, par Daniel G. Cohen
Archives
Aux archives départementales du Haut-Rhin. Le fonds du notariat ancien de Cernay, par Monique Lévy
Dictionnaire
- Moïse Aboulker
- Jacques Isaac Altaras
- Jean Atlan
- Raymond-Joseph Bénichou
- Victor Cattan
- Victor Cohen-Hadria
In Memoriam
Annie Kriegel et les questions juives, par Annette Wieviorka