Archives juives n°30/2

En 1994, la Commission française des archives juives a décidé de transformer sa revue, tout en conservant le titre d’Archives juives. Depuis lors, sept numéros ont paru. Chacun d’eux présente un dossier sur [‘histoire des Juifs de France. Nous avons traité de l’affaire Dreyfus, des Juifs de Lorraine, de la communauté juive après 1945, de religion et judéité, de la guerre d’Algérie, des prêteurs et banquiers du Moyen Âge au XX siècle, du yiddish­land. C’est dire la diversité, la richesse et l’originalité des études, auxquelles s’ajoutent des articles hors dossiers, des notices biographiques, des réfé­rences bibliographiques, des comptes rendus de lectures, des informations. La fidélité de nos lecteurs nous encou­rage à poursuivre dans cette voie. Sous l’impulsion de Catherine Nicault, qui assume désormais les responsabilités de rédactrice en chef, nous propose­rons d’autres thèmes, nous stimulerons d’autres recherches, nous construirons d’autres projets tout en demeurant à l’écoute des suggestions qui nous seront adressées.

Voici un numéro consacré, pour l’essentiel, aux relations entre le judaïsme français et le sionisme. Il y a cinquante ans naissait l’État d’Israël. Depuis lors, les liens avec la France ont connu des hauts et des bas. Tantôt ce fut l’amitié, voire l’affection ; tantôt, la méfiance, sinon l’hostilité. Que dire alors des Français israélites, de ceux qui, avant 1940, privilégiaient leur qualité de Français aux dépens de leur appartenance à la religion juive ? Ils n’aimaient pas, dit-on, le mouvement sioniste. Tout au plus l’acceptaient-ils pour les pauvres Juifs de Pologne ou de Russie. Les Juifs communistes, eux non plus, n’éprouvaient aucune sympathie pour le sionisme. Ils rêvaient d’un Messie révolutionnaire et libérateur.

Survint le choc de 1967. La guerre des Six-Jours réveilla la hantise d’une nouvelle Shoah. Le général de Gaulle prononça les mots malheureux que l’on sait sur « le peuple d’élite, sûr de lui­ même et dominateur ». Du coup, le sionisme prit de nouvelles couleurs. Il envahit l’espace idéologique. Au point qu’aujourd’hui, les Juifs de France sont convaincus que le mouvement sioniste, si divers soit-il, est éminemment res­pectable et respecté. Les grands traits de cette histoire sont connus.