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Éditorial
La revue entend avec ce nouveau dossier, plus encore que d’ordinaire, explorer des territoires négligés ou occultés dans l’histoire de la condition juive en France du xviiie au xxe siècle. Les historiens associent rarement en effet « question juive » et marginalité, et le plus souvent implicitement, alors que, dans le cas des Juifs, l’association s’impose plus que pour toute autre minorité. Il est ainsi commun de distinguer dans les communautés leur « centre » de leur « périphérie » quand on étudie les définitions de l’identité juive ou la dévolution et l’exercice du pouvoir, mais il est plus rare de considérer les individus qui se trouvent au-delà de cette périphérie, repoussés à la marge par leurs propres coreligionnaires. Par ailleurs, le rejet des Juifs dans une marginalité sociale et nationale, voire leur exclusion totale, est au cœur de l’antisémitisme contemporain, objet de tant de travaux. On n’ignore plus grand-chose en particulier des mécanismes de leur persécution pendant la Seconde Guerre mondiale comme de leurs effets sur la vie de ces nouveaux parias. Mais, les « années noires » mises à part, on s’est peu interrogé finalement sur ce qu’a pu représenter la marginalité et, plus encore, la transgression pour les Juifs de France eux-mêmes.
C’est à quelques coups de sonde dans ces zones peu prospectées que nous invite Philippe Landau dans ce dossier qu’il a composé et dirigé, selon trois axes. Le premier consiste à rappeler les différentes formes de marginalisation, légales ou non, auxquelles sont exposés les Juifs de France à la fin de l’Ancien Régime, à l’ère de l’Émancipation et pendant la dernière guerre. Le second résulte de l’hostilité antijuive lorsque celle-ci s’inscrit dans la loi : interdits de résidence à Paris dans la France d’Ancien régime, dépouillés et pourchassés en France occupée et sous Vichy, les Juifs n’ont d’autre solution pour subsister et parfois survivre au sens strict du terme, que de transgresser cette loi, quoi qu’il puisse leur en coûter. Enfin, ils comptent aussi, comme toute population, des déviants et autres contrevenants aux normes religieuses, morales et sociales de la société ambiante comme du groupe lui-même – criminels, homosexuel(le)s, prostituées, etc. Réalité de faible envergure à dire vrai, mais dont les antisémites ont fait un usage si éhonté que la recherche a renâclé jusqu’ici à l’investiguer. Pourtant, connaître le fonctionnement d’une société implique de ne pas tout ignorer de ses arrière-cours et de ses bas-fonds. En quoi pourtant la condition des Juifs déviants serait-elle particulière ? Telle sera l’une des questions abordées ici, indépendamment, cela va de soi, de tout jugement de valeur.
Ce numéro propose en outre, au titre des « Mélanges », les articles de deux jeunes historiens, Anne-Claire Kulig et Martin Messika, respectivement sur l’« Opération Meuble », un aspect encore mal connu des pillages réalisés par les forces allemandes en France occupée, et sur le rôle joué par le foyer dit le « Toit familial » dans l’insertion des étudiants juifs d’Afrique du Nord en France dès l’après-guerre. On trouvera également, fidèles au rendez-vous, le « Dictionnaire biographique », un solide dossier de « Lectures », enfin une sélection d’informations diverses susceptibles de retenir votre attention. Bonne lecture à tous !
C.Nicault
Sommaire
Dossier : Transgressions et marginalités juives (XVIIIe-XXe Siècles)
Juif marginalisé, Juif marginal. Quelques réflexions introductives, par Philippe Landau
Pas de résumé disponible pour l’instant.
Réalités et déclin du Herem dans la France d’Ancien Régime, par Simon Schwarzfuchs
Le Herem ou ban d’excommunication était l’arme la plus puissante et la plus redoutée dont pouvait faire usage la communauté juive médiévale pour maintenir son autorité sur ses membres. Très utilisé dans le royaume de France au XVIIIe siècle, il disparut dans le sillage de la Révolution. Cette étude tente d’expliquer les raisons de ce changement radical.
/ The History of the Herem and its Decline in Ancien Regime France
The Herem or ban of excommunication was the most powerful and dreaded weapon the medieval Jewish community could use to maintain authority among its members. It was quite prevalent in the kingdom of France during the 18th century, when it suddenly disappeared in the wake of the Revolution. The present study is an attempt to explain the reasons for this radical change.
Nation marginale, population dangereuse ? Considérations sur les Juifs à Paris sous Louis XV, par Philippe Landau
Ville interdite aux Juifs depuis 1394, Paris accueille cependant des Juifs tout au long du XVIIIe siècle. La lieutenance de police a alors pour fonction de contrôler leur séjour et de reléguer les clandestins qui ne sont pas munis d’un passeport. Néanmoins, même s’ils sont en règle, ils sont considérés comme une nation particulière et deviennent des marginaux puisqu’ils sont « sans feu ni patrie ». La police abuse de ses pouvoirs et n’hésite pas à les accuser d’être à l’origine de banqueroutes et de vols. Aussi, même s’il existe quelques individus déviants, nombreux sont ceux qui, victimes des préjugés, connaissent l’emprisonnement. Pourtant, malgré les suspicions, les Juifs commencent à s’intégrer dans une société en pleine évolution.
/ Marginal Nation, Dangerous Population ? Reflections on the Jews of Paris under Louis XV
While the Jews were officially forbidden from living in Paris after 1394, the city nonetheless allowed for Jewish settlement over the course of the 18th century. It was thus up to the police to regulate their residency and to expel from the town the illegal immigrants who did not have passports. Nonetheless, even if they had the proper papers, Jews were considered to be members of a distinct nation and were marginalized because they were « without arms and without a homeland. » The police often abused its power and did not hesitate to accuse Jews of bankruptcy and theft. Although there were some criminals among them, many innocent Jews were the victims of prejudice and were imprisoned. Nonetheless, despite being surrounded by suspicion, the Jews began to integrate into this rapidly evolving society.
Communautés juives du nord de la France et délinquance sous la Révolution, par Danielle Delmaire
A partir de 1792, des communautés juives apparaissent dans les villes des actuels départements du Nord et du Pas-de-Calais qui connaissent instabilité politique et sociale, comme le reste du pays en ces années révolutionnaires. Dans le même temps, de 1792 à 1797, des juifs commettent dans ces mêmes villes des larcins et quelques-uns appartiennent à des bandes de voleurs et de pilleurs qui ravagent la région. Faudrait-il voir une relation de cause à effet entre ces deux faits ? Une analyse des sources de la police et de l’état civil montre que les communautés naissantes n’ont aucun rapport avec ces délinquants et que les bandes organisées de malfaiteurs agissent en dehors de tous liens avec les chefs de famille juifs. La délinquance juive, éphémère, est plutôt le résultat d’une situation perturbée face à laquelle les pouvoirs sont démunis.
/ Jewish communauties in Northern France and Delinquency during the Revolution
Beginning in 1792, Jewish communities started to appear in the cities that comprise the present-day departments of the North and the Pas-de-Calais, which – like the rest of the country during these revolutionary years – were in a state of political and social instability. During the same period, from 1792 to 1797, some Jews committed thefts and some of them belonged to gangs of thieves and looters wreaking havoc in the region. Is there a cause and effect relationship between these two facts? An analysis of police and communal records show that these burgeoning Jewish communities had no relationship to the delinquents and that these organized criminal gangs acted without the authority of Jewish communal leaders. Jewish delinquency was ephemeral and primarily grew out of a situation of social instability that existing power structures were powerless to counteract.
Les Juifs français dans la lutte contre la traite des Blanches (1880-1930), par Céline Leglaive-Perani
Dans la lutte contre la traite des blanches (1880-1930), la réponse de la communauté juive française est tardive et plutôt timide. Au contraire d’autres communautés en Europe ou aux Etats-Unis, il n’existe pas avant 1910 d’association spécifique destinée à porter secours aux victimes juives de la traite des blanches en France. Avant cette date, les notabilités juives qui s’engagent dans la lutte contre la traite, le font au sein d’associations laiques. Quand l’association est enfin fondée, elle s’attache à créer des liens avec les associations laiques présentes sur ce terrain. Au quotidien, elle porte secours à des jeunes filles isolées ou en difficulté plus qu’à de réelles victimes de la traite. A ces jeunes filles, elle fournit un soutien éducatif et moral conforme aux valeurs bourgeoises de son temps.
/ French Jews in the battle against « White Slavery » (1880-1930)
In the battle against white slavery, the French Jewish community was slow to react, and timid when it did. As opposed to other Jewish communities in Europe and the United States, no specific organization to help Jewish victims of white slavery existed before 1910. Before this date, Jewish notables who were involved in the battle against white slavery did so through participation in secular associations. When the Jewish anti-white slavery association was finally created, it was tried to create links with the secular groups that were already active in this cause. On a day to day basis, the association rescued young girls who were isolated or in difficult situations rather than real victims of white slavery. It furnished these young girls with educational and moral support that conformed to the bourgeois values of the day.
La prostitution féminine juive dans l’Algérie coloniale. Entre fantasmes et réalités (1830-1962), par Christelle Taraud
Aussitôt la ville d’Alger conquise en 1830, l’administration française a installé un système coercitif dont le but était de contrôler, réguler, concentrer, enfermer et exploiter la prostitution en Afrique du Nord. Des bordels militaires de campagne aux quartiers réservés, les agents de l’ordre colonial (police, médecins and gardiens de bordels) transformèrent et confinèrent le monde de la prostitution – en particulier dans les espaces anciens de la médina (comme le mellah pour la communauté juive) and et aux pourtours des zones urbaines. A la fois fantasme et réalité, le problème de la prostitution pose de façon aiguë la question de la composition de la société coloniale (« indigène » comme européenne, particulièrement importante pour les Juifs d’Algérie), en particulier à travers la sexualité intercommunautaire. Entre conformisme et déviance, entre légalité et interdits, les prostituées juives devinrent un groupe intermédiaire et hybride confronté à la domination tant masculine que coloniale, comme le montre le cas de Germaine Aziz.
/ Jewish Female Prostitution in Colonial Algeria. Between Fantasy and Reality (1830-1962)
As soon as it had conquered Algiers in 1830, the French administration organized a coercive system that aimed at controlling, regulating, concentrating, imprisoning and capitalizing on prostitution in North Africa. From the military campaign brothels to the red-light districts, the agents of colonial rule (police, doctors and brothel keepers) transformed and marginalized the world of prostitution – especially in the old spaces of the medina and in the extended urban areas. Both in terms of contemporary representations of Jewish women and prostitutes and in the reality of their lives, the issue of prostitution acutely raises questions concerning all the components of colonial society (« indigenous » as well as European, which is especially important for the Jews in Algeria), in particular regarding inter-community sexuality. Between conformity and deviance, between the legal and the forbidden, Jewish prostitutes became a median and a hybrid group confronted with both masculine and colonial domination, as the case of Germaine Aziz illustrates it.
Variations identitaires. Homosexualités juives dans la France de l’entre-deux-guerres, par Jérémy Guedj
Pour les Juifs qui s’en réclament, l’homosexualité fut longtemps une transgression à la fois religieuse et sociale. Il importe d’examiner plus avant cette situation singulière en revenant à la lettre de la Torah à son propos et en examinant des trajectoires d’individus, célèbres ou anonymes, à une époque particulièrement intéressante et complexe : l’entre-deux-guerres, qui fut non seulement une période de recherche d’identité, mais aussi une période où les antisémites dénonçaient, entre autres thèmes, le « Juif homosexuel ». A travers cette étude, c’est un aspect peu connu de l’histoire du judaïsme français qui se révèle, celle d’une minorité dans la minorité.
/ Variations of Identity : Jewish homosexuality in inter-war France
For Jews who claim it, homosexuality has been a both religious and social transgression for a long time. It is important to examine this particular situation further by going back to the letter of the Torah on this issue and by examining the trajectories of particular homosexuals, whether famous or anonymous, during a particularly interesting and complex period: the inter-war years. This was not only a time of identity searching, but also of a time of rising anti-Semitism in which reviling “the homosexual Jew” was a distinct theme. This study thus reveals a little-known aspect of French Jewish history: the story of a minority within a minority.
Sur la corde raide, entre résistance et collaboration. Un Juif hongrois en France occupée, par Riadh Ben Khalifa
L’étude des archives pénales est l’une des pistes permettant d’approfondir, par une approche statistique ou biographique, la réflexion sur la résistance des Juifs aux mesures oppressives et, éventuellement, les ambiguïtés dans lesquelles elle peut les entrainer. l’article analyse le cas singulier de Dezso Leibovits, un Juif hongrois installé avec sa famille à Paris en 1931. Emigré d’abord sans histoire, engagé volontaire fait prisonnier par les Allemands mais évadé dès juillet 1940, Leibovits survit pendant les premières années de la guerre dans la clandestinitié entre Paris, Lyon, Nice et Monaco, avant d’être embauché fin 1943 par l’antenne de l’Organisation Todt à Marseille comme comptable-interprête, puis par la police allemande à Nice en mars 1944, comme interprète. A la Libération, au vu des témoignages contradictoires, il ne fut pas simple pour ses juges, qui finalement l’acquittèrent, de statuer sur son cas : fut-il un collaborateur et un traitre à la France et à ses coreligionnaires, ou au contraire un résistant usant de sa position pour les aider ?
/ On a tightrope : Between Resistance and Collaboration. A Hungarian Jew in Occupied France
En juillet 1942, alors qu’une première rafle se prépare, la Sipo-SD ordonne aux autorités françaises de placer sous scellés les logements des Juifs à arrêter. Cet ordre marquera le début de l’Opération Meuble dans l’Aube, prise en compte par la Dienststelle Westen (DW) en mars suivant. Repérant le mobilier appartenant aux Juifs avec l’aide de la préfecture, la DW entreprend la constitution des inventaires du mobilier à piller, ainsi que son enlèvement et son acheminement dans un dépôt à Troyes. La mise en œuvre de l’Opération Meuble suscita de nombreuses difficultés, tant du côté de l’administration française – confrontée aux réclamations des certains de ses administrés – que de la DW – aux prises avec la Feldkommandantur quant à l’attribution du mobilier pour les besoins de cantonnement des troupes, et avec des difficultés dans l’expédition du mobilier pillé en Allemagne.
Mélanges
La spoliation des Juifs en France occupée : la mise en œuvre de l’ »Opération Meuble » dans le département de l’Aube (1942-1944), par Anne-Claire Kulig
En juillet 1942, alors qu’une première rafle se prepare à Troyes, la Sipo-SD ordonne aux autorités françaises de placer sous scellés les logements des Juifs à arrêter. Cet ordre marquera le début de l’Opération Meuble dans l’Aube, prise en compte par la Dienststelle Westen (DW) en mars suivant. Repérant le mobilier appartenant aux Juifs avec l’aide de la préfecture, la DW entreprend la constitution des inventaires du mobilier à piller, ainsi que son enlèvement et son acheminement dans un dépôt à Troyes. La mise en œuvre de l’Opération Meuble suscita de nombreuses difficultés, tant du côté de l’administration française – confrontée aux réclamations des certains de ses administrés – que de la DW – aux prises avec la Feldkommandantur quant à l’attribution du mobilier pour les besoins de cantonnement des troupes, et avec des difficultés dans l’expédition du mobilier pillé en Allemagne.
/ The Spoliation of the Jews in Occupied France : Establishing the « Furniture Mission » in the Aube Department (1942-1944)
In July 1942, while a first round-up was about to take place in the city of Troyes, the Sipo-SD ordered the French authorities to seal up the homes of the Jews that were to be arrested. This order initiated the beginning of the ‘Furniture Mission’ in the Aube Department, which was underway by March 1943 and orchestrated by the Dienststelle Westen (DW). With the help of the French prefecture, the DW identified and classified the pieces of furniture belonging to Jews and prepared for their removal and transportation to a warehouse in Troyes. The ‘Furniture Mission’ proved to be quite complicated for the French administration. It had to face the claims of some of the owners, as well as for the DW, which had to deal with the Feldkommandantur over the issue of whether the furniture should be allocated to the German troops, as well as the problematic transportation of the stolen goods to Germany.
Le foyer du « Toit familial » et l’arrivée des Juifs d’Afrique du Nord en France (1954-1975), par Martin Messika
Cet article traite des étudiants originaires d’Afrique du Nord, pensionnaires du foyer du « Toit Familial » à Paris, entre 1954 et 1975. L’action de cette institution, propriété du Comité d’action sociale israélite de Paris (CASIP), constitue l’un des aspects des politiques menées par les organisations juives pour accueillir les populations d’Afrique du Nord. L’étude des dossiers d’admission ainsi que des entretiens accordés par d’anciens pensionnaires permettent d’éclairer les conditions de la migration de ces étudiants. Il s’agit en effet de dresser un portrait des bénéficiaires de ce foyer et de s’intéresser aux discours qui motivent leur venue en France pour suivre des études supérieures. Premier logement en France métropolitaine pour la majorité de ces jeunes, le Toit Familial, comme d’autres institutions qui ont accueilli des étudiants, se constitue comme un espace de transition entre pays d’origine et pays d’accueil.
/ The « Toit familial » Home and the arrival of North African Jews in France (1954-1975)
This article will study the North African Jewish students, living in the “Toit familial” Home in Paris, between 1954 and 1975. This home belonging to the Jewish Social Action Committee in Paris (CASIP), is part of the policy adopted by the Jewish organizations in order to welcome the North African Jewish population in France. The registration files of the students, as well as interviews with former residents will help us understand the conditions of their immigration. We intend to make the portrait of the residents of this Home and to study their motivations in coming to France, in order to attend university. The “Toit familial” has been the first home for most of these youths at their arrival in France and is thus understood as a transition between their country of origin and their new home.
Dictionnaire
- Rodolphe Pollak, bijoutier et mécène sportif
- Henri Soil, rabbin
Lectures
- Collectif sous la direction d’André Kaspi, Histoire de l’Alliance israélite universitaire de 1860 à nos jours (Monique Lévy)
- Jeanne Vincler, Communautés juives en péril : Alsace-Lorraine, 1933-1939 (Romain Dupré)
- Nadia Malinovich, Heureux comme un Juif en France. Intégration, Identité, Culture 1900-1932 (Philippe Landeau)
- Jean-Louis Crémieux-Brilhac, Georges Boris. Trente ans d’influence. Blum, de Gaulle, Mendès France (Catherine Nicault)
- Benoît Luc, Les Déportés de France vers Aurigny 1942-1944 (Philippe Landeau)
- Gérard Cholvy, Marie-Benoît de Bourg d’Iré (1895-1990). Un fils de Saint-François, « juste des nations » (Catherine Poujol)
- Samuel Ghiles-Meilhac, Le CRIF. De la Résistance juive à la tentation du lobby. De 1943 à nos jours (Ariel Danan)